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Dolmen des Fades : poésie mégalithique

Depuis longtemps, le Dolmen des Fades suscite bien des légendes. Et si le lieu choisi par nos ancêtres pour le bâtir n’est sans doute pas étranger à leur survivance, il sublime aussi la monumentalité de la construction. Installée sur le territoire de la commune de Pépieux, dans le Minervois, elle surplombe aujourd’hui les vignes, tout en permettant aux visiteurs de prendre la juste mesure des temps passés, les populations qui les ont traversés, leurs rapports à l’existence et à sa fin.

Film : 2 minutes | Temps de lecture : 6 minutes

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Au loin, une colline arborée qui intrigue. Plus près, un chemin de terre qui se dessine, qui monte, qui nous invite à nous approcher encore. Et gisant là, les vestiges d’une sépulture collective, dont les ossements, découverts grâce aux fouilles successives menées sur place, ont fini par trahir l’âge. Ainsi, les plus anciennes manifestations funéraires documentées par radio carbone au Dolmen des Fades remonteraient à 3 300 avant notre ère.

“D’un point de vue archéologique, ce site est exceptionnel”, souligne Muriel Gandelin, docteur en préhistoire récente et spécialiste du Néolithique languedocien. “D’une part, du fait de sa taille : il s’agit du plus long dolmen du sud de la France, et probablement l’un des plus longs du pays. D’autre part, son état de conservation. Celui-ci permet de bien percevoir toute son envergure d’origine. Enfin, par son architecture étonnante, qui révèle des portes en hublot et deux chambres, ce qui n’est pas fréquent pour ce type de monument.”

Dolmen des Fades

Les vies du tombeau

Le Dolmen des Fades est constitué d’une longue galerie mégalithique de 24 mètres de développement, incluse elle-même dans un tumulus de 35 mètres de longueur. La construction comprend un couloir de 12 mètres, une antichambre de 6 mètres couverte d’une table de pierre, ainsi qu’une cella terminale abritant une dalle de chevet. “Le nombre d’individus inhumés dans ce dolmen, sur 1 700 ans, est estimé à 115 sujets au minimum”, précise Muriel Gandelin. “En comparaison, le Dolmen de Saint-Eugène, situé à Laure Minervois, en a abrité plusieurs centaines.”

La durée de fonctionnement du Dolmen des Fades renvoie à plusieurs réalités. Une première phase d’utilisation classique pour une population néolithique qui venait y enterrer ses défunts régulièrement, en réorganisant l’intérieur. “Ensuite, durant le Campaniforme et le Bronze ancien, des inhumations ont eu lieu selon d’autres modalités, sans gestion du tombeau”, explique Muriel. “Enfin, des populations post-néolithiques ont utilisé ce dolmen, elles aussi, à des fins funéraires. Elles ne l’ont pas vidé complètement, pour s’inscrire dans une certaine forme de continuité historique avec les populations qui les avaient précédées.”

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Recherche pure

Toute cette connaissance n’aurait jamais pu sortir de terre sans la passion de Muriel Gandelin et de ses prédécesseurs pour l’archéologie, la recherche et les mécanismes de cette dernière, ni leur implication à chaque phase des fouilles menées sur le site, depuis les premières réalisées par Jean Arnal et Odette Tafanelle en 1946. “À l’époque, il s’agit du premier relevé du dolmen. Celui-ci a abouti au dégagement de certaines parties. De plus, il a permis de documenter la cella et l’antichambre”, rappelle Muriel.

Puis vinrent les opérations menées par Jean Guilaine. L’archéologue carcassonnais, professeur émérite au Collège de France, s’est fait connaître très tôt, grâce notamment à ses travaux sur les sites du Néolithique et de l’Âge de bronze. Durant les années 1960, son intervention permet de dégager l’ensemble du Dolmen des Fades, puis de fouiller son couloir. Finalement, le monument est classé au titre des monuments historiques en 1969.

Un engagement qui se transmet

Les années 1990 donnent lieu à des opérations de restauration suite au classement du dolmen. De plus, Jean Guilaine initie de nouvelles fouilles “qui vont se concentrer sur l’extérieur du monument, au niveau de ce que l’on peut considérer comme les restes du tumulus.” Ces fouilles mènent, entre autres, à la découverte d’un monolithe de plus de 3 mètres de long, couché derrière la dalle de chevet.

En 2022 et 2023, Muriel Gandelin et Vincent Ard, docteur en Préhistoire, sous la houlette de Jean Guilaine, interviennent conjointement “pour tenter de caractériser au mieux ce monolithe couché, ainsi que le tumulus qui cerne le monument.”

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Dolmen des Fades

Documenter le passé pour éveiller le futur

Travaillant pour le laboratoire TRACES à l’Université de Toulouse, Muriel Gandelin est aussi ingénieure et responsable d’opérations de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) Midi-Méditerranée, pour les périodes néolithiques. “Cet institut est un modèle envié, qui participe à protéger extrêmement bien le patrimoine archéologique français, beaucoup mieux que dans d’autres pays européens”, souligne-t-elle. 

“Il est important de considérer la nécessité de démonter un monument pour en saisir toutes les spécificités. Dégagements, photographies, relevés 3D. Études et analyses des ossements, y compris, désormais, par la paléogénétique, permettant parfois d’identifier les liens de parenté entre plusieurs sujets inhumés… L’ensemble de ces processus et de ces mécanismes de recherche concourent à une meilleure connaissance de l’histoire patrimoniale des territoires. En outre, à une compréhension plus fine du fonctionnement des sociétés anciennes.”

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Lever le voile

On a coutume de dire que le monde des morts est le reflet du monde des vivants. C’est le cas, ici aussi, au Dolmen des Fades, dont “l’analyse biologique et génétique des squelettes a notamment révélé que les populations néolithiques de cette région étaient patrilocales, exogames et patrilinéaires, confie Muriel Gandelin. En parallèle, si le monument, qualifié d’arca dès le Moyen-Âge, a nourri les mythes et les légendes au fil des siècles, du fait, entre autres, de sa morphologie, il a également servi d’abri à une certaine forme de spiritualité. Et ce, sans que l’on puisse savoir, un jour, quelles étaient les croyances de ces populations. 

Aussi peut-on s’aventurer, sans plus de crainte, sur la route existentielle et mémorielle des quelques 200 à 300 générations qui se sont succédé depuis la construction du Dolmen des Fades, puis laisser notre âme s’attacher à ce quelque chose qui reste de la leur. Dans cette cathédrale du Néolithique, l’instant est suspendu. Il donne l’opportunité à chaque visiteur d’observer, d’imaginer, de contempler, de se recueillir, en fonction de son rapport singulier à la fragilité de l’humanité et au temps qui passe. Et par là même, de contribuer à préserver le Dolmen des Fades et sa poésie, à l’aune de sa propre vie.

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Cet article sur le Dolmen des Fades vous a plu ? Retrouvez sur ce site toutes les publications rédigées par Muriel Gandelin et celles qu’elle a corédigées, notamment avec Jean Guilaine. Découvrez également son ouvrage Mégalithismes et monumentalismes funéraires : passé, présent, futur” coécrit avec Vincent Ard et Emmanuel Mens.

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Depuis longtemps, le Dolmen des Fades suscite bien des légendes. Et si le lieu choisi par nos ancêtres pour le bâtir n’est sans doute pas étranger à leur survivance, il sublime aussi la monumentalité de la construction. Installée sur le territoire de la commune de Pépieux, dans le Minervois, elle surplombe aujourd’hui les vignes, tout en permettant aux visiteurs de prendre la juste mesure des temps passés, les populations qui les ont traversés, leurs rapports à l’existence et à sa fin.

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“D’un point de vue archéologique, ce site est exceptionnel”, souligne Muriel Gandelin, docteur en préhistoire récente et spécialiste du Néolithique languedocien. “D’une part, du fait de sa taille : il s’agit du plus long dolmen du sud de la France, et probablement l’un des plus longs du pays. D’autre part, son état de conservation. Celui-ci permet de bien percevoir toute son envergure d’origine. Enfin, par son architecture étonnante, qui révèle des portes en hublot et deux chambres, ce qui n’est pas fréquent pour ce type de monument.”

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Toute cette connaissance n’aurait jamais pu sortir de terre sans la passion de Muriel Gandelin et de ses prédécesseurs pour l’archéologie, la recherche et les mécanismes de cette dernière, ni leur implication à chaque phase des fouilles menées sur le site, depuis les premières réalisées par Jean Arnal et Odette Tafanelle en 1946. “À l’époque, il s’agit du premier relevé du dolmen. Celui-ci a abouti au dégagement de certaines parties. De plus, il a permis de documenter la cella et l’antichambre”, rappelle Muriel.

Puis vinrent les opérations menées par Jean Guilaine. L’archéologue carcassonnais, professeur émérite au Collège de France, s’est fait connaître très tôt, grâce notamment à ses travaux sur les sites du Néolithique et de l’Âge de bronze. Durant les années 1960, son intervention permet de dégager l’ensemble du Dolmen des Fades, puis de fouiller son couloir. Finalement, le monument est classé au titre des monuments historiques en 1969.

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