Louis CS : faire feu de tout bois
Il n’y a pas de fumée sans feu. Et sans feu, Louis Chaudière ne serait sans doute pas Louis CS à l’heure actuelle. En effet, cet artisan d’art ébéniste, installé à La Palme, en a fait l’un des vecteurs de son expression créative. Inspiré tout autant par la nature, l’artisanat français et japonais, il façonne des objets du quotidien, des bijoux et des sculptures décoratives qui séduisent par leurs formes, leurs finitions, ainsi que par leur technicité, au service d’une expérience tout à fait singulière.
Temps de lecture : 5 minutes
Dans les ruelles de La Palme, on murmure qu’il existe des oiseaux dépourvus de pattes, planant toute l’année au-dessus des toits et jusqu’à la plage du Rouet, sans jamais se poser. Ne les cherchez pas parmi les rapaces protégés des basses Corbières, ni dans les nids des autres espèces préservées de l’étang de Lapalme. Car ces oiseaux sont des volatiles en bois façonnés par l’artisan d’art Louis Chaudière. Depuis plusieurs années, celui-ci se fait appeler Louis CS. “CS, c’était pour abréger le mot créations”, explique Louis. “Mais c’était aussi pour rendre hommage à ma famille, les Chaudière et les Serviant.”
Louis Chaudière est né à Alès, dans le Gard. Il s’est installé à La Palme, en 2007, dans la maison de vacances familiale. Il en a fait son atelier plus tard, en 2013, pour concevoir ses sculptures à la fois graphiques et contemporaines, mais également des objets élégants dont la fonctionnalité sert tout autant l’art que la décoration d’intérieur. En outre, il réalise désormais des bijoux en titane s’inscrivant dans la continuité de son travail du bois et de ses envies. Et il ne s’interdit pas d’associer prochainement le bois à d’autres matériaux comme le verre. Il faut dire que l’esprit de Louis Chaudière est aussi libre que les oiseaux de bois qu’il confectionne.
Louis CS
Trame de fond
Dessinateur paysagiste de formation, Louis Chaudière se familiarise rapidement avec le dessin assisté par ordinateur (DAO) durant son cursus à Lille. “Cela m’a donné le goût du dessin technique. On utilisait déjà le logiciel AutoCAD Architecture. Tout s’expliquait, vu d’en haut, en une seule image. Cela m’a été très utile plus tard pour le dessin d’objet.”
Il complète ses connaissances cinq ans après, en 2005, en suivant à Montpellier une formation en graphisme. “C’est à cette période-là que j’ai commencé à plus m’intéresser à l’objet”, se souvient-il.
“J’ai fait évoluer mon savoir sur le dessin technique, de la 2D à la 3D. Je suis passé sur un autre logiciel : la licence Rhinocéros. Cela a été un gros changement.”
À son compte, Louis enchaîne plusieurs missions en tant qu’infographiste et assistant photographe indépendant pour des entreprises et des institutions françaises. En parallèle, il passe du temps avec l’un de ses trois frères, luthier de métier.
“C’est très technique à concevoir un violon, un alto ou un violoncelle. Mon frère utilise surtout des bois précieux, comme l’ébène et le palissandre. En l’observant, j’ai réalisé toutes les possibilités offertes par le bois pour la création d’objets. C’est un matériau très accessible. Et en rapprochant cela de l’architecture et du dessin, je me suis mis à faire mes premiers objets.”
Les secrets des bois
Louis CS raconte l’histoire du bois avec amour. Il en décrit le sens des veines, ses courbures, sa sensualité. Il utilise seulement des bois locaux d’Occitanie pour la réalisation des ses différentes pièces. Une fois installé à La Palme, il découvre le bois de platane, un peu par hasard, chez un fournisseur à Perpignan. “Il s’agit d’un bois agréable à travailler, et très élégant si on l’oriente dans le bon sens. Quand on le regarde de côté, il est assez disgracieux. Mais du dessus, il est magnifique.”
Pour ses objets de déco de table et certaines de ses sculptures, Louis privilégie les bois fruitiers à l’instar du poirier, du cerisier et du merisier. “Je suis très attentif au toucher, à la forme et à la texture du bois. Par exemple, j’emploie le poirier pour confectionner des ustensiles de cuisine, des petits rangements, des boîtes et des couteaux. Le poirier fait partie des bois fins. L’avantage, c’est qu’on peut facilement le polir.”
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Réservez cet encart, par exemple, pour faire la promotion de vos spécialités locales qui régaleront tous les gourmands !
Louis CS
L’emprise du Soleil Levant
Si Louis Chaudière apprécie tout particulièrement le travail du sculpteur sur bois français Benoît Averly, et s’il est friand de l’école Boulle et de ses enseignements qui l’ont distinguée au fil du temps, l’artisanat asiatique tient également une place de choix dans son cœur.
C’est sa sœur, traductrice à l’international, qui l’initie lorsqu’il est encore adolescent. “Elle a vécu dix ans en Chine. De temps en temps, elle m’envoyait des choses de là-bas, comme des pinceaux de calligraphie. Je me souviens que j’étais déjà très sensible à la finesse et à la précision de cet art. Les outils aussi m’inspiraient. Ils sont très différents des nôtres, tout comme la manière de les utiliser. La lenteur du geste permet d’appréhender chaque matériau autrement, avec plus de précaution.”
Louis n’a pas mis les pieds en Asie. Mais de loin, il approfondit ses connaissances quant à l’artisanat japonais. “Il m’a toujours impressionné, à l’instar du kintsugi”, avoue-t-il. “La tradition artisanale est plus ancienne dans la culture japonaise. Elle cohabite avec sa modernité, et elle est très reconnue.”
Il découvre le Shou-Sugi-Ban, une technique vieille comme le monde s’inscrivant dans la philosophie Wabi-Sabi. Elle aussi vise à valoriser les imperfections et les défauts engendrés par le temps. Et ce, en provoquant une combustion sur l’une des faces d’une planche de bois massif afin d’augmenter sa résistance.
Destructeur créateur
La touche de Louis CS se distingue avant tout par son instinctivité. Et c’est donc naturellement qu’il s’approprie la technique Shou-Sugi-Ban. Au fil de ses essais, il acquiert une maîtrise toujours plus précise du feu, qu’il transforme en un mode d’expression à part entière. “Le feu transforme les objets”, explique-t-il. “J’avais fait un peu de fonderie dans le passé. Le feu me permet de voir l’évolution entre le bois blanc et sa mutation. Il y a ce côté destructeur créateur qui me parle. Je sculpte d’abord, je brûle après.”
“Je prends toujours le temps d’étudier l’orientation du fil du bois dans le même bois. En effet, d’une essence à l’autre, cela peut mener à un rendu vraiment différent. L’intérêt, c’est de creuser dans le bois pour jouer avec ses veines. Dans le frêne par exemple, il y a une veine dure et une veine tendre. Quand on brûle, puis qu’on brosse après brûlage, la veine tendre se creuse. Cela crée une texture en surface qui ajoute de la présence. J’utilise aussi de l’érable sycomore. Il est encore plus dur et plus délicat à brûler. Mais son grain très fin permet de travailler les détails en profondeur.”
Louis CS
Finitions et connexions
Dans chaque pièce confectionnée par Louis Chaudière, on perçoit la volonté d’enflammer l’abstraction de l’émotion pour en questionner la signification, puis pour éprouver toutes ses vibrations. Et ce, durablement : “La technique du Shou-Sugi-Ban noircit le bois sans colorant. Il s’agit de charbon. Je le brosse jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une fine pellicule très dure. Cela permet de confectionner des objets alimentaires sans colorant ni produit chimique. Par exemple, des coupes pour des fruits secs. Et pour les grands vases, il m’arrive de creuser le bois après brûlage pour le décorer d’un autre motif, avant de le huiler.”
Des plateaux fonctionnels au noir presque abscons. Deux mains gauches à plonger dans la salade sans hésitation. Des soliflores aux courbes audacieuses. Des tableaux à l’obscurité brillante, rappelant à certains les travaux de Soulages. Les réalisations de Louis CS s’utilisent, s’exposent, se ressentent. Elles se portent, qui plus est, aux oreilles, aux poignets… Elles inscrivent déjà leur souvenir dans celui des bustes de céramique et de bronze auxquels Maurice, le père de Louis, donnait vie avant elles. Et il ne fait aucun doute qu’elles planeront, durant encore plusieurs années, au-dessus des toits de La Palme et jusqu’à la plage du Rouet. Sans jamais se poser.
LOUIS CS : FAIRE FEU DE TOUT BOIS
AUDE Actually | Magazine
Visitez le site de Louis CS, et sur sa page Facebook, découvrez les dates de ses prochains événements. Retrouvez également certaines de ses créations à la boutique d’artisanat d’art Inspiration d’Occitanie, située 3 rue de la Parerie, à Narbonne.
Crédits photos :
- Portrait et atelier de Louis Chaudière : @audeactually
- Triptyque créations Louis CS : @louiscsdesign
- Espaces publicitaires : @unsplash
Louis CS : faire feu de tout bois
Il n’y a pas de fumée sans feu. Et sans feu, Louis Chaudière ne serait sans doute pas Louis CS à l’heure actuelle. En effet, cet artisan d’art ébéniste, installé à La Palme, en a fait l’un des vecteurs de son expression créative. Inspiré tout autant par la nature, l’artisanat français et japonais, il façonne des objets du quotidien, des bijoux et des sculptures décoratives qui séduisent par leurs formes, leurs finitions, ainsi que par leur technicité, au service d’une expérience tout à fait singulière.
Temps de lecture : 5 minutes
Dans les ruelles de La Palme, on murmure qu’il existe des oiseaux dépourvus de pattes, planant toute l’année au-dessus des toits et jusqu’à la plage du Rouet, sans jamais se poser. Ne les cherchez pas parmi les rapaces protégés des basses Corbières, ni dans les nids des autres espèces préservées de l’étang de Lapalme. Car ces oiseaux sont des volatiles en bois façonnés par l’artisan d’art Louis Chaudière. Depuis plusieurs années, celui-ci se fait appeler Louis CS. “CS, c’était pour abréger le mot créations”, explique Louis. “Mais c’était aussi pour rendre hommage à ma famille, les Chaudière et les Serviant.”
Louis Chaudière est né à Alès, dans le Gard. Il s’est installé à La Palme, en 2007, dans la maison de vacances familiale. Il en a fait son atelier plus tard, en 2013, pour concevoir ses sculptures à la fois graphiques et contemporaines, mais également des objets élégants dont la fonctionnalité sert tout autant l’art que la décoration d’intérieur. En outre, il réalise désormais des bijoux en titane s’inscrivant dans la continuité de son travail du bois et de ses envies. Et il ne s’interdit pas d’associer prochainement le bois à d’autres matériaux comme le verre. Il faut dire que l’esprit de Louis Chaudière est aussi libre que les oiseaux de bois qu’il confectionne.
Louis CS
Trame de fond
Dessinateur paysagiste de formation, Louis Chaudière se familiarise rapidement avec le dessin assisté par ordinateur (DAO) durant son cursus à Lille. “Cela m’a donné le goût du dessin technique. On utilisait déjà le logiciel AutoCAD Architecture. Tout s’expliquait, vu d’en haut, en une seule image. Cela m’a été très utile plus tard pour le dessin d’objet.” Il complète ses connaissances cinq ans après, en 2005, en suivant à Montpellier une formation en graphisme. “C’est à cette période-là que j’ai commencé à plus m’intéresser à l’objet”, se souvient-il. “J’ai fait évoluer mon savoir sur le dessin technique, de la 2D à la 3D. Je suis passé sur un autre logiciel : la licence Rhinocéros. Cela a été un gros changement.”
À son compte, Louis enchaîne plusieurs missions en tant qu’infographiste et assistant photographe indépendant pour des entreprises et des institutions françaises. En parallèle, il passe du temps avec l’un de ses trois frères, luthier de métier. “C’est très technique à concevoir un violon, un alto ou un violoncelle. Mon frère utilise surtout des bois précieux, comme l’ébène et le palissandre. En l’observant, j’ai réalisé toutes les possibilités offertes par le bois pour la création d’objets. C’est un matériau très accessible. Et en rapprochant cela de l’architecture et du dessin, je me suis mis à faire mes premiers objets.”
Les secrets des bois
Louis CS raconte l’histoire du bois avec amour. Il en décrit le sens des veines, ses courbures, sa sensualité. Il utilise seulement des bois locaux d’Occitanie pour la réalisation des ses différentes pièces. Une fois installé à La Palme, il découvre le bois de platane, un peu par hasard, chez un fournisseur à Perpignan. “Il s’agit d’un bois agréable à travailler, et très élégant si on l’oriente dans le bon sens. Quand on le regarde de côté, il est assez disgracieux. Mais du dessus, il est magnifique.”
Pour ses objets de déco de table et certaines de ses sculptures, Louis privilégie les bois fruitiers à l’instar du poirier, du cerisier et du merisier. “Je suis très attentif au toucher, à la forme et à la texture du bois. Par exemple, j’emploie le poirier pour confectionner des ustensiles de cuisine, des petits rangements, des boîtes et des couteaux. Le poirier fait partie des bois fins. L’avantage, c’est qu’on peut facilement le polir.”
Louis CS
L’emprise du Soleil Levant
Si Louis Chaudière apprécie tout particulièrement le travail du sculpteur sur bois français Benoît Averly, et s’il est friand de l’école Boulle et de ses enseignements qui l’ont distinguée au fil du temps, l’artisanat asiatique tient également une place de choix dans son cœur. C’est sa sœur, traductrice à l’international, qui l’initie lorsqu’il est encore adolescent. “Elle a vécu dix ans en Chine. De temps en temps, elle m’envoyait des choses de là-bas, comme des pinceaux de calligraphie. Je me souviens que j’étais déjà très sensible à la finesse et à la précision de cet art. Les outils aussi m’inspiraient. Ils sont très différents des nôtres, tout comme la manière de les utiliser. La lenteur du geste permet d’appréhender chaque matériau autrement, avec plus de précaution.”
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Louis n’a pas mis les pieds en Asie. Mais de loin, il approfondit ses connaissances quant à l’artisanat japonais. “Il m’a toujours impressionné, à l’instar du kintsugi”, avoue-t-il. “La tradition artisanale est plus ancienne dans la culture japonaise. Elle cohabite avec sa modernité, et elle est très reconnue.” Il découvre le Shou-Sugi-Ban, une technique vieille comme le monde s’inscrivant dans la philosophie Wabi-Sabi. Elle aussi vise à valoriser les imperfections et les défauts engendrés par le temps. Et ce, en provoquant une combustion sur l’une des faces d’une planche de bois massif afin d’augmenter sa résistance.
Destructeur créateur
La touche de Louis CS se distingue avant tout par son instinctivité. Et c’est donc naturellement qu’il s’approprie la technique Shou-Sugi-Ban. Au fil de ses essais, il acquiert une maîtrise toujours plus précise du feu, qu’il transforme en un mode d’expression à part entière. “Le feu transforme les objets”, explique-t-il. “J’avais fait un peu de fonderie dans le passé. Le feu me permet de voir l’évolution entre le bois blanc et sa mutation. Il y a ce côté destructeur créateur qui me parle. Je sculpte d’abord, je brûle après.”
“Je prends toujours le temps d’étudier l’orientation du fil du bois dans le même bois. En effet, d’une essence à l’autre, cela peut mener à un rendu vraiment différent. L’intérêt, c’est de creuser dans le bois pour jouer avec ses veines. Dans le frêne par exemple, il y a une veine dure et une veine tendre. Quand on brûle, puis qu’on brosse après brûlage, la veine tendre se creuse. Cela crée une texture en surface qui ajoute de la présence. J’utilise aussi de l’érable sycomore. Il est encore plus dur et plus délicat à brûler. Mais son grain très fin permet de travailler les détails en profondeur.”
Finitions et connexions
Dans chaque pièce confectionnée par Louis Chaudière, on perçoit la volonté d’enflammer l’abstraction de l’émotion pour en questionner la signification, puis pour éprouver toutes ses vibrations. Et ce, durablement : “La technique du Shou-Sugi-Ban noircit le bois sans colorant. Il s’agit de charbon. Je le brosse jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une fine pellicule très dure. Cela permet de confectionner des objets alimentaires sans colorant ni produit chimique. Par exemple, des coupes pour des fruits secs. Et pour les grands vases, il m’arrive de creuser le bois après brûlage pour le décorer d’un autre motif, avant de le huiler.”
Des plateaux fonctionnels au noir presque abscons. Deux mains gauches à plonger dans la salade sans hésitation. Des soliflores aux courbes audacieuses. Des tableaux à l’obscurité brillante, rappelant à certains les travaux de Soulages. Les réalisations de Louis CS s’utilisent, s’exposent, se ressentent. Elles se portent, qui plus est, aux oreilles, aux poignets… Elles inscrivent déjà leur souvenir dans celui des bustes de céramique et de bronze auxquels Maurice, le père de Louis, donnait vie avant elles. Et il ne fait aucun doute qu’elles planeront, durant encore plusieurs années, au-dessus des toits de La Palme et jusqu’à la plage du Rouet. Sans jamais se poser.
LOUIS CS : FAIRE FEU DE TOUT BOIS
AUDE Actually | Magazine
Visitez le site de Louis CS. Retrouvez également certaines de ses créations à la boutique d’artisanat d’art Inspiration d’Occitanie, à Narbonne.
Crédits photos :
- Portrait et atelier Louis CS : @audeactually
- Triptyque créations Louis CS : @louiscsdesign
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Louis CS : faire feu de tout bois
Il n’y a pas de fumée sans feu. Et sans feu, Louis Chaudière ne serait sans doute pas Louis CS à l’heure actuelle. En effet, cet artisan d’art ébéniste, installé à La Palme, en a fait l’un des vecteurs de son expression créative. Inspiré tout autant par la nature, l’artisanat français et japonais, il façonne des objets du quotidien, des bijoux et des sculptures décoratives qui séduisent par leurs formes, leurs finitions, ainsi que par leur technicité, au service d’une expérience tout à fait singulière.
Temps de lecture : 5 minutes
Dans les ruelles de La Palme, on murmure qu’il existe des oiseaux dépourvus de pattes, planant toute l’année au-dessus des toits et jusqu’à la plage du Rouet, sans jamais se poser. Ne les cherchez pas parmi les rapaces protégés des basses Corbières, ni dans les nids des autres espèces préservées de l’étang de Lapalme. Car ces oiseaux sont des volatiles en bois façonnés par l’artisan d’art Louis Chaudière. Depuis plusieurs années, celui-ci se fait appeler Louis CS. “CS, c’était pour abréger le mot créations”, explique Louis. “Mais c’était aussi pour rendre hommage à ma famille, les Chaudière et les Serviant.”
Louis Chaudière est né à Alès, dans le Gard. Il s’est installé à La Palme, en 2007, dans la maison de vacances familiale. Il en a fait son atelier plus tard, en 2013, pour concevoir ses sculptures à la fois graphiques et contemporaines, mais également des objets élégants dont la fonctionnalité sert tout autant l’art que la décoration d’intérieur. En outre, il réalise désormais des bijoux en titane s’inscrivant dans la continuité de son travail du bois et de ses envies. Et il ne s’interdit pas d’associer prochainement le bois à d’autres matériaux comme le verre. Il faut dire que l’esprit de Louis Chaudière est aussi libre que les oiseaux de bois qu’il confectionne.
Louis CS
Trame de fond
Dessinateur paysagiste de formation, Louis Chaudière se familiarise rapidement avec le dessin assisté par ordinateur (DAO) durant son cursus à Lille. “Cela m’a donné le goût du dessin technique. On utilisait déjà le logiciel AutoCAD Architecture. Tout s’expliquait, vu d’en haut, en une seule image. Cela m’a été très utile plus tard pour le dessin d’objet.” Il complète ses connaissances cinq ans après, en 2005, en suivant à Montpellier une formation en graphisme. “C’est à cette période-là que j’ai commencé à plus m’intéresser à l’objet”, se souvient-il. “J’ai fait évoluer mon savoir sur le dessin technique, de la 2D à la 3D. Je suis passé sur un autre logiciel : la licence Rhinocéros. Cela a été un gros changement.”
À son compte, Louis enchaîne plusieurs missions en tant qu’infographiste et assistant photographe indépendant pour des entreprises et des institutions françaises. En parallèle, il passe du temps avec l’un de ses trois frères, luthier de métier. “C’est très technique à concevoir un violon, un alto ou un violoncelle. Mon frère utilise surtout des bois précieux, comme l’ébène et le palissandre. En l’observant, j’ai réalisé toutes les possibilités offertes par le bois pour la création d’objets. C’est un matériau très accessible. Et en rapprochant cela de l’architecture et du dessin, je me suis mis à faire mes premiers objets.”
Les secrets des bois
Louis CS raconte l’histoire du bois avec amour. Il en décrit le sens des veines, ses courbures, sa sensualité. Il utilise seulement des bois locaux d’Occitanie pour la réalisation des ses différentes pièces. Une fois installé à La Palme, il découvre le bois de platane, un peu par hasard, chez un fournisseur à Perpignan. “Il s’agit d’un bois agréable à travailler, et très élégant si on l’oriente dans le bon sens. Quand on le regarde de côté, il est assez disgracieux. Mais du dessus, il est magnifique.”
Pour ses objets de déco de table et certaines de ses sculptures, Louis privilégie les bois fruitiers à l’instar du poirier, du cerisier et du merisier. “Je suis très attentif au toucher, à la forme et à la texture du bois. Par exemple, j’emploie le poirier pour confectionner des ustensiles de cuisine, des petits rangements, des boîtes et des couteaux. Le poirier fait partie des bois fins. L’avantage, c’est qu’on peut facilement le polir.”
Louis CS
L'emprise du Soleil Levant
Si Louis Chaudière apprécie tout particulièrement le travail du sculpteur sur bois français Benoît Averly, et s’il est friand de l’école Boulle et de ses enseignements qui l’ont distinguée au fil du temps, l’artisanat asiatique tient également une place de choix dans son cœur. C’est sa sœur, traductrice à l’international, qui l’initie lorsqu’il est encore adolescent. “Elle a vécu dix ans en Chine. De temps en temps, elle m’envoyait des choses de là-bas, comme des pinceaux de calligraphie. Je me souviens que j’étais déjà très sensible à la finesse et à la précision de cet art. Les outils aussi m’inspiraient. Ils sont très différents des nôtres, tout comme la manière de les utiliser. La lenteur du geste permet d’appréhender chaque matériau autrement, avec plus de précaution.”
Louis n’a pas mis les pieds en Asie. Mais de loin, il approfondit ses connaissances quant à l’artisanat japonais. “Il m’a toujours impressionné, à l’instar du kintsugi”, avoue-t-il. “La tradition artisanale est plus ancienne dans la culture japonaise. Elle cohabite avec sa modernité, et elle est très reconnue.” Il découvre le Shou-Sugi-Ban, une technique vieille comme le monde s’inscrivant dans la philosophie Wabi-Sabi. Elle aussi vise à valoriser les imperfections et les défauts engendrés par le temps. Et ce, en provoquant une combustion sur l’une des faces d’une planche de bois massif afin d’augmenter sa résistance.
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Réservez cet encart, par exemple, pour faire la promotion de vos spécialités locales qui régaleront tous les gourmands !
destructeur créateur
La touche de Louis CS se distingue avant tout par son instinctivité. Et c’est donc naturellement qu’il s’approprie la technique Shou-Sugi-Ban. Au fil de ses essais, il acquiert une maîtrise toujours plus précise du feu, qu’il transforme en un mode d’expression à part entière. “Le feu transforme les objets”, explique-t-il. “J’avais fait un peu de fonderie dans le passé. Le feu me permet de voir l’évolution entre le bois blanc et sa mutation. Il y a ce côté destructeur créateur qui me parle. Je sculpte d’abord, je brûle après.”
“Je prends toujours le temps d’étudier l’orientation du fil du bois dans le même bois. En effet, d’une essence à l’autre, cela peut mener à un rendu vraiment différent. L’intérêt, c’est de creuser dans le bois pour jouer avec ses veines. Dans le frêne par exemple, il y a une veine dure et une veine tendre. Quand on brûle, puis qu’on brosse après brûlage, la veine tendre se creuse. Cela crée une texture en surface qui ajoute de la présence. J’utilise aussi de l’érable sycomore. Il est encore plus dur et plus délicat à brûler. Mais son grain très fin permet de travailler les détails en profondeur.”
Louis CS
Finitions et connexions
Dans chaque pièce confectionnée par Louis Chaudière, on perçoit la volonté d’enflammer l’abstraction de l’émotion pour en questionner la signification, puis pour éprouver toutes ses vibrations. Et ce, durablement : “La technique du Shou-Sugi-Ban noircit le bois sans colorant. Il s’agit de charbon. Je le brosse jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une fine pellicule très dure. Cela permet de confectionner des objets alimentaires sans colorant ni produit chimique. Par exemple, des coupes pour des fruits secs. Et pour les grands vases, il m’arrive de creuser le bois après brûlage pour le décorer d’un autre motif, avant de le huiler.”
Des plateaux fonctionnels au noir presque abscons. Deux mains gauches à plonger dans la salade sans hésitation. Des soliflores aux courbes audacieuses. Des tableaux à l’obscurité brillante, rappelant à certains les travaux de Soulages. Les réalisations de Louis CS s’utilisent, s’exposent, se ressentent. Elles se portent, qui plus est, aux oreilles, aux poignets… Elles inscrivent déjà leur souvenir dans celui des bustes de céramique et de bronze auxquels Maurice, le père de Louis, donnait vie avant elles. Et il ne fait aucun doute qu’elles planeront, durant encore plusieurs années, au-dessus des toits de La Palme et jusqu’à la plage du Rouet. Sans jamais se poser.
LOUIS CS : FAIRE FEU DE TOUT BOIS
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Crédits photos :
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- « Destructeur créateur », créations Louis CS : @louiscsdesign
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