Monastère de Prouilhe : le dialogue des époques
Dans l’Aude, il y a des lieux qui ont traversé les siècles pour mieux nous traverser à leur tour. Ils nous renvoient à leur histoire, mais aussi à la nôtre. Le monastère de Prouilhe est l’un de ceux-là. Et dans les sourires des sœurs venues des quatre coins du monde qui nous y accueillent, on voit poindre à nouveau un dialogue essentiel afin de se retrouver, pour mieux retrouver les autres.
Film : 3 minutes | Temps de lecture : 5 minutes
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Situé à une trentaine de kilomètres de Carcassonne, sur le territoire de la cité médiévale de Fanjeaux, le monastère de Prouilhe est un “lieu source”. Dominique de Guzmán, né à Caleruega en Espagne vers 1170, aurait vu tomber en 1206 depuis le Seignadou un globe de feu sur le hameau de Prouilhe, un village déserté qui disposait de sa chapelle dédiée à Notre-Dame. Il interpréta ce signe, qui se renouvela les jours suivants, comme un signe de Dieu. Dès lors, Prouilhe devint le berceau de l’Ordre des prêcheurs, appelé aussi Ordre dominicain.
Ce que nous raconte le monastère Sainte-Marie de Prouilhe passe tout autant par sa monumentalité que par les événements du passé qui l’ont malmené. Mais aussi, et surtout, par ceux qui y ont vécu et ceux qui les ont entourés. Ensemble, ces derniers ont œuvré afin de le faire renaître de ses cendres à plusieurs reprises. Leur engagement, leur bienveillance et leur foi ont participé à pérenniser l’intuition de Saint-Dominique, que tout un chacun, croyant ou non-croyant, peut décider d’embrasser à sa façon, pour découvrir la parcelle de vérité qui existe toujours en l’autre, puis pour s’en enrichir.
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Monastère de Prouilhe
Là où tout (re)commence
À l’époque où Dominique choisit le village de Prouilhe, une habitation en terre battue est construite. Ses premières sœurs, dont plusieurs converties du catharisme, s’y installent. Des bâtiments conventuels les remplacent cinq ans plus tard. Ils favorisent l’essor de la communauté des sœurs et celui de la population autour du monastère. Toutefois, l’incendie de 1715 les détruit complètement. De nouvelles et imposantes constructions, dessinées par l’architecte du roi, sont alors réalisées. Avant de disparaître à leur tour…
“En 1792, l’ensemble du site était beaucoup plus conséquent qu’aujourd’hui”, souligne Sœur Geneviève, l’actuelle prieure des dominicaines du Monastère de Prouilhe. “Mais il a été complètement rasé au moment de la Révolution française de 1789, et les sœurs, expulsées. Il faut attendre 1860 pour que la reconstruction du monastère ne débute. Elle se termine en 1880.” Cette année-là, le 29 avril, neuf sœurs du monastère de Nay s’y installent pour refonder Prouilhe. “Le 22 juillet 1886, la première pierre de la basilique du Rosaire est posée.” Grâce, notamment, aux initiatives menées en ce sens par l’évêque de Carcassonne, Monseigneur Paul Billard.
Basilique Notre-Dame du Rosaire
Placée au cœur de l’enceinte monastique de Prouilhe, la basilique du Rosaire est un édifice de style romano-byzantin qui a mobilisé le savoir-faire de plusieurs architectes. Le projet initial avait pour ambition d’accueillir des milliers de fidèles du pèlerinage du Rosaire, dans un lieu majestueux construit avec des matériaux locaux, à l’instar du granit de la Montagne Noire et du marbre rose du Minervois.
Certains événements ont entravé le bon achèvement du projet et la conservation de la basilique. Citons notamment la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, le départ des hommes pour le front lors de la Première Guerre mondiale.
Et plus récemment, le nouvel incendie d’août 1990. Ce dernier nécessita une rénovation des lieux conventuels durant plus de trois ans.
Afin de remédier à cette situation et d’entamer prochainement la réfection de la toiture provisoire, posée en 1926, mais également la finalisation de la restauration du chœur, plusieurs donations ont déjà eu lieu.
Entre autres, à travers la Mission Patrimoine, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la Française des jeux.
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Monastère de Prouilhe
La rencontre
“Les gens qui arrivent ici peuvent être parfois un peu décontenancés”, confesse Sœur Geneviève. “S’ils entrent dans la basilique du Rosaire, qui semble être en travaux depuis toujours, ils se demandent si le lieu est habité car on ne voit pas d’emblée le monastère. Mais la restauration de l’hôtellerie vient de se terminer. Le lieu d’accueil est donc plus visible. Cela peut contribuer à ce que les choses changent quant à cette impression-là.”
Au monastère de Prouilhe, des personnes du monde entier, engagées dans l’Église, viennent recharger leurs batteries. Elles croisent et échangent avec des gens croyants et non-croyants, arrivés par hasard, ou presque. Par exemple, pour une retraite de quelques jours loin de la ville. Des étudiants, venus se mettre au vert pour réviser leurs examens au calme, échangent avec des pèlerins faisant une halte pour la nuit sur le chemin de Saint-Jacques. “Les gens qui viennent séjourner découvrent aussi, au-delà du lieu, une communauté de personnes pour qui la vie ne se cantonne pas à ce que l’on fait, mais à ce qu’on est. Cela renvoie à une dimension plus intérieure, à une volonté de se retrouver soi-même.”
Un monde qui vit
La journée de la Communauté des sœurs de Prouilhe est rythmée par la prière liturgique commune, la messe, le temps de prière personnel, la lecture de la Bible et la solitude. Mais le reste du temps, et de l’aveu de Sœur Geneviève, “nous vivons comme tout le monde, même si c’est dans un lieu pas comme les autres.” Tous les trois ans, chaque sœur se voit attribuer par les autres une tâche spécifique. Et ce, en fonction de ses compétences et de ses préférences. C’est ainsi que s’organise la gestion du monastère et de ses activités connexes.
Entre autres, celles tournées vers les visiteurs, à l’instar de la création de peintures sur céramique et la confection de biscuits artisanaux, vendus ensuite dans la boutique du monastère. En outre, celles dédiées à l’accueil des personnes séjournant dans l’hôtellerie, à l’organisation de séminaires et de formations. Sans oublier celles destinées à mettre en valeur les terres du monastère, grâce au maraîcher du Potager de Prouilhe et au partenariat instauré pour la culture des vignes en fermage.
Monastère de Prouilhe
Quelqu’un d’autre qui vous fait autre
En repensant aux moments passés au monastère Sainte-Marie de Prouilhe, on finit par se dire qu’on y était à notre place, autant que l’édifice et ses occupants le sont aussi, ici dans l’Aude, et nulle part ailleurs. “Il y a des terres où il se passe des choses magnifiques, puis qui disparaissent complètement”, relate Sœur Geneviève. “L’Aude, elle, est une terre qui sait garder la mémoire d’une histoire. C’est aussi un terre fertile qui sait la faire renaître. Non l’histoire telle qu’elle fut vécue au treizième siècle, ou au dix-neuvième lors de la refondation. Mais l’histoire pour l’Aude d’aujourd’hui et de demain.”
L’histoire du monastère de Prouilhe ne fait donc que commencer, si tant est que l’on considère la vie des hommes par le prisme de l’éternité. Alors qu’elle a relancé en 2024 l’association des amis de Prouilhe, la Communauté des sœurs dominicaines veut plus que jamais “être aux antipodes de ce qu’ont été les monastères durant des temps assez lointains désormais”, explique Sœur Geneviève. Avant d’ajouter : “Cette association est vraiment symbolique du fait que Prouilhe vit pour les autres, mais aussi avec les autres.”
MONASTÈRE DE PROUILHE : LE DIALOGUE DES ÉPOQUES
AUDE Actually | Magazine
Préparez votre prochaine visite au monastère de Prouilhe grâce à son site officiel. Si vous souhaitez y séjourner, contactez les sœurs hôtelières au 04 68 11 22 66.
Crédits photos :
- Monastère Sainte-Marie de Prouilhe et portrait de Sœur Geneviève : @audeactually
- Espaces publicitaires : @unsplash
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Dans l’Aude, il y a des lieux qui ont traversé les siècles pour mieux nous traverser à leur tour. Ils nous renvoient à leur histoire, mais aussi à la nôtre. Le monastère de Prouilhe est l’un de ceux-là. Et dans les sourires des sœurs venues des quatre coins du monde qui nous y accueillent, on voit poindre à nouveau un dialogue essentiel afin de se retrouver, pour mieux retrouver les autres.
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Situé à une trentaine de kilomètres de Carcassonne, sur le territoire de la cité médiévale de Fanjeaux, le monastère de Prouilhe est un “lieu source”. Dominique de Guzmán, né à Caleruega en Espagne vers 1170, aurait vu tomber en 1206 depuis le Seignadou un globe de feu sur le hameau de Prouilhe, un village déserté qui disposait de sa chapelle dédiée à Notre-Dame. Il interpréta ce signe, qui se renouvela les jours suivants, comme un signe de Dieu. Dès lors, Prouilhe devint le berceau de l’Ordre des prêcheurs, appelé aussi Ordre dominicain.
Ce que nous raconte le monastère Sainte-Marie de Prouilhe passe tout autant par sa monumentalité que par les événements du passé qui l’ont malmené. Mais aussi, et surtout, par ceux qui y ont vécu et ceux qui les ont entourés. Ensemble, ces derniers ont œuvré afin de le faire renaître de ses cendres à plusieurs reprises. Leur engagement, leur bienveillance et leur foi ont participé à pérenniser l’intuition de Saint-Dominique, que tout un chacun, croyant ou non-croyant, peut décider d’embrasser à sa façon, pour découvrir la parcelle de vérité qui existe toujours en l’autre, puis pour s’en enrichir.
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Monastère de Prouilhe
Là où tout (re)commence
À l’époque où Dominique choisit le village de Prouilhe, une habitation en terre battue est construite. Ses premières sœurs, dont plusieurs converties du catharisme, s’y installent.
Des bâtiments conventuels les remplacent cinq ans plus tard. Ils favorisent l’essor de la communauté des sœurs et celui de la population autour du monastère. Toutefois, l’incendie de 1715 les détruit complètement. De nouvelles et imposantes constructions, dessinées par l’architecte du roi, sont alors réalisées. Avant de disparaître à leur tour…
“En 1792, l’ensemble du site était beaucoup plus conséquent qu’aujourd’hui”, souligne Sœur Geneviève, l’actuelle prieure des dominicaines du Monastère de Prouilhe. “Mais il a été complètement rasé au moment de la Révolution française de 1789, et les sœurs, expulsées. Il faut attendre 1860 pour que la reconstruction du monastère ne débute. Elle se termine en 1880.”
Cette année-là, le 29 avril, neuf sœurs du monastère de Nay s’y installent pour refonder Prouilhe. “Le 22 juillet 1886, la première pierre de la basilique du Rosaire est posée.” Grâce, notamment, aux initiatives menées en ce sens par l’évêque de Carcassonne, Monseigneur Paul Billard.
Basilique Notre-Dame du Rosaire
Placée au cœur de l’enceinte monastique de Prouilhe, la basilique du Rosaire est un édifice de style romano-byzantin qui a mobilisé le savoir-faire de plusieurs architectes. Le projet initial avait pour ambition d’accueillir des milliers de fidèles du pèlerinage du Rosaire, dans un lieu majestueux construit avec des matériaux locaux, à l’instar du granit de la Montagne Noire et du marbre rose du Minervois.
Certains événements ont entravé le bon achèvement du projet et la conservation de la basilique. Citons notamment la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, le départ des hommes pour le front lors de la Première Guerre mondiale. Et plus récemment, le nouvel incendie d’août 1990. Ce dernier nécessita une rénovation des lieux conventuels durant plus de trois ans.
Afin de remédier à cette situation et d’entamer prochainement la réfection de la toiture provisoire, posée en 1926, mais également la finalisation de la restauration du chœur, plusieurs donations ont déjà eu lieu. Entre autres, à travers la Mission Patrimoine, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la Française des jeux.
Monastère de Prouilhe
La rencontre
“Les gens qui arrivent ici peuvent être parfois un peu décontenancés”, confesse Sœur Geneviève. “S’ils entrent dans la basilique du Rosaire, qui semble être en travaux depuis toujours, ils se demandent si le lieu est habité car on ne voit pas d’emblée le monastère. Mais la restauration de l’hôtellerie vient de se terminer. Le lieu d’accueil est donc plus visible. Cela peut contribuer à ce que les choses changent quant à cette impression-là.”
Au monastère de Prouilhe, des personnes du monde entier, engagées dans l’Église, viennent recharger leurs batteries. Elles croisent et échangent avec des gens croyants et non-croyants, arrivés par hasard, ou presque.
Par exemple, pour une retraite de quelques jours loin de la ville. Des étudiants, venus se mettre au vert pour réviser leurs examens au calme, échangent avec des pèlerins faisant une halte pour la nuit sur le chemin de Saint-Jacques.
“Les gens qui viennent séjourner découvrent aussi, au-delà du lieu, une communauté de personnes pour qui la vie ne se cantonne pas à ce que l’on fait, mais à ce qu’on est. Cela renvoie à une dimension plus intérieure, à une volonté de se retrouver soi-même.”
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Un monde qui vit
La journée de la Communauté des sœurs de Prouilhe est rythmée par la prière liturgique commune, la messe, le temps de prière personnel, la lecture de la Bible et la solitude. Mais le reste du temps, et de l’aveu de Sœur Geneviève, “nous vivons comme tout le monde, même si c’est dans un lieu pas comme les autres.” Tous les trois ans, chaque sœur se voit attribuer par les autres une tâche spécifique. Et ce, en fonction de ses compétences et de ses préférences. C’est ainsi que s’organise la gestion du monastère et de ses activités connexes.
Entre autres, celles tournées vers les visiteurs, à l’instar de la création de peintures sur céramique et la confection de biscuits artisanaux, vendus ensuite dans la boutique du monastère. En outre, celles dédiées à l’accueil des personnes séjournant dans l’hôtellerie, à l’organisation de séminaires et de formations. Sans oublier celles destinées à mettre en valeur les terres du monastère, grâce au maraîcher du Potager de Prouilhe et au partenariat instauré pour la culture des vignes en fermage.
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Quelqu’un d’autre qui vous fait autre
En repensant aux moments passés au monastère Sainte-Marie de Prouilhe, on finit par se dire qu’on y était à notre place, autant que l’édifice et ses occupants le sont aussi, ici dans l’Aude, et nulle part ailleurs. “Il y a des terres où il se passe des choses magnifiques, puis qui disparaissent complètement”, relate Sœur Geneviève. “L’Aude, elle, est une terre qui sait garder la mémoire d’une histoire. C’est aussi un terre fertile qui sait la faire renaître. Non l’histoire telle qu’elle fut vécue au treizième siècle, ou au dix-neuvième lors de la refondation. Mais l’histoire pour l’Aude d’aujourd’hui et de demain.”
L’histoire du monastère de Prouilhe ne fait donc que commencer, si tant est que l’on considère la vie des hommes par le prisme de l’éternité. Alors qu’elle a relancé en 2024 l’association des amis de Prouilhe, la Communauté des sœurs dominicaines veut plus que jamais “être aux antipodes de ce qu’ont été les monastères durant des temps assez lointains désormais”, explique Sœur Geneviève. Avant d’ajouter : “Cette association est vraiment symbolique du fait que Prouilhe vit pour les autres, mais aussi avec les autres.”
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Dans l’Aude, il y a des lieux qui ont traversé les siècles pour mieux nous traverser à leur tour. Ils nous renvoient à leur histoire, mais aussi à la nôtre. Le monastère de Prouilhe est l’un de ceux-là. Et dans les sourires des sœurs venues des quatre coins du monde qui nous y accueillent, on voit poindre à nouveau un dialogue essentiel afin de se retrouver, pour mieux retrouver les autres.
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Ce que nous raconte le monastère Sainte-Marie de Prouilhe passe tout autant par sa monumentalité que par les événements du passé qui l’ont malmené. Mais aussi, et surtout, par ceux qui y ont vécu et ceux qui les ont entourés. Ensemble, ces derniers ont œuvré afin de le faire renaître de ses cendres à plusieurs reprises. Leur engagement, leur bienveillance et leur foi ont participé à pérenniser l’intuition de Saint-Dominique, que tout un chacun, croyant ou non-croyant, peut décider d’embrasser à sa façon, pour découvrir la parcelle de vérité qui existe toujours en l’autre, puis pour s’en enrichir.
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“En 1792, l’ensemble du site était beaucoup plus conséquent qu’aujourd’hui”, souligne Sœur Geneviève, l’actuelle prieure des dominicaines du Monastère de Prouilhe. “Mais il a été complètement rasé au moment de la Révolution française de 1789, et les sœurs, expulsées. Il faut attendre 1860 pour que la reconstruction du monastère ne débute. Elle se termine en 1880.” Cette année-là, le 29 avril, neuf sœurs du monastère de Nay s’y installent pour refonder Prouilhe. “Le 22 juillet 1886, la première pierre de la basilique du Rosaire est posée.” Grâce, notamment, aux initiatives menées en ce sens par l’évêque de Carcassonne, Monseigneur Paul Billard.
Basilique Notre-Dame du Rosaire
Placée au cœur de l’enceinte monastique de Prouilhe, la basilique du Rosaire est un édifice de style romano-byzantin qui a mobilisé le savoir-faire de plusieurs architectes. Le projet initial avait pour ambition d’accueillir des milliers de fidèles du pèlerinage du Rosaire, dans un lieu majestueux construit avec des matériaux locaux, à l’instar du granit de la Montagne Noire et du marbre rose du Minervois.
Certains événements ont entravé le bon achèvement du projet et la conservation de la basilique. Citons notamment la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, le départ des hommes pour le front lors de la Première Guerre mondiale. Et plus récemment, le nouvel incendie d’août 1990. Ce dernier nécessita une rénovation des lieux conventuels durant plus de trois ans.
Afin de remédier à cette situation et d’entamer prochainement la réfection de la toiture provisoire, posée en 1926, mais également la finalisation de la restauration du chœur, plusieurs donations ont déjà eu lieu. Entre autres, à travers la Mission Patrimoine, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la Française des jeux.
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Au monastère de Prouilhe, des personnes du monde entier, engagées dans l’Église, viennent recharger leurs batteries. Elles croisent et échangent avec des gens croyants et non-croyants, arrivés par hasard, ou presque. Par exemple, pour une retraite de quelques jours loin de la ville. Des étudiants, venus se mettre au vert pour réviser leurs examens au calme, échangent avec des pèlerins faisant une halte pour la nuit sur le chemin de Saint-Jacques. “Les gens qui viennent séjourner découvrent aussi, au-delà du lieu, une communauté de personnes pour qui la vie ne se cantonne pas à ce que l’on fait, mais à ce qu’on est. Cela renvoie à une dimension plus intérieure, à une volonté de se retrouver soi-même.”
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En repensant aux moments passés au monastère Sainte-Marie de Prouilhe, on finit par se dire qu’on y était à notre place, autant que l’édifice et ses occupants le sont aussi, ici dans l’Aude, et nulle part ailleurs. “Il y a des terres où il se passe des choses magnifiques, puis qui disparaissent complètement”, relate Sœur Geneviève. “L’Aude, elle, est une terre qui sait garder la mémoire d’une histoire. C’est aussi un terre fertile qui sait la faire renaître. Non l’histoire telle qu’elle fut vécue au treizième siècle, ou au dix-neuvième lors de la refondation. Mais l’histoire pour l’Aude d’aujourd’hui et de demain.”
L’histoire du monastère de Prouilhe ne fait donc que commencer, si tant est que l’on considère la vie des hommes par le prisme de l’éternité. Alors qu’elle a relancé en 2024 l’association des amis de Prouilhe, la Communauté des sœurs dominicaines veut plus que jamais “être aux antipodes de ce qu’ont été les monastères durant des temps assez lointains désormais”, explique Sœur Geneviève. Avant d’ajouter : “Cette association est vraiment symbolique du fait que Prouilhe vit pour les autres, mais aussi avec les autres.”
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